Il faisait

beaucoup plus noir dans le tunnel qu’il ne l’avait imaginé. Au début, une faible lumière venait encore de l’entrée et il avait pu voir des voitures pare-chocs contre pare-chocs (ça a dû être terrible de mourir ici, pensa-t-il, tandis que la claustrophobie enveloppait amoureusement sa tête de ses gros doigts visqueux, caressant d’abord, puis écrasant ses tempes, ça a dû être vraiment terrible, horrible), et les carreaux verdâtres qui tapissaient la voûte.

Sur sa droite, un peu plus loin, il voyait disparaître dans le noir le garde-fou de la passerelle des piétons. Sur sa gauche, tous les dix mètres environ, d’énormes colonnes. Un panneau de signalisation : NE CHANGEZ PAS

DE VOIE. Au sommet de la voûte s’alignaient les tubes fluorescents éteints et les gros yeux vides des caméras de surveillance. Quand il arriva au premier virage, une large courbe sur la droite, la lumière se fit plus faible et bientôt il ne vit plus qu’une occasionnelle étincelle jouant sur les chromes. Puis la lumière cessa purement et simplement d’exister.

Il fouilla dans sa poche, sortit son briquet Bic et fit tourner la molette. Une flamme s’éleva, fragile, plus inquiétante que l’obscurité. Même en réglant la flamme au maximum, il ne voyait pas à deux mètres devant lui.

Il remit le briquet dans sa poche et continua à avancer, sa main frôlant le garde-fou. Il y avait de l’écho ici aussi, encore plus désagréable que tout à l’heure, comme si quelqu’un marchait derrière lui… le suivait à la trace. Il s’arrêta plusieurs fois, tendit l’oreille, écarquilla les yeux sans rien voir, écouta jusqu’à ce que l’écho s’éteigne. Puis il se mit à marcher en traînant ses talons sur le béton, pour ne plus entendre l’écho.

Un peu plus loin, il s’arrêta, alluma son briquet tout près de sa montre. Il était quatre heures vingt ce qui ne voulait pas dire grand-chose dans cette obscurité. L’heure ne voulait plus rien dire. Pas plus que la distance d’ailleurs. Combien faisait-il, ce tunnel Lincoln ?

Deux kilomètres ? Trois ? Certainement pas trois kilomètres sous l’Hudson.

Disons deux. Mais alors il devrait déjà être sorti. Si on fait six kilomètres à l’heure en marchant en moyenne, il faut vingt minutes pour faire deux kilomètres.

Or il y avait déjà plus d’une demi-heure qu’il était dans ce trou.

– C’est que je marche plus lentement.

Le son de sa voix le fit sursauter. Il lâcha le briquet qui tomba sur la passerelle. L’écho revint une voix malicieusement ironique, celle d’un dément : –… Plus lentement… lentement… lentement…

– Nom de Dieu, murmura Larry.

Et l’écho murmura à son tour : – Dieu… Dieu… Dieu…

Il s’essuya le front pour chasser cette peur, cette envie panique de ne plus penser, de se mettre à courir comme un fou. Il s’agenouilla (ses genoux craquèrent comme deux coups de pistolet) et effleura de ses doigts le relief miniature de la passerelle des piétons – vallées creusées dans le ciment, cordillère d’un vieux mégot, colline d’une minuscule boulette de papier d’argent – jusqu’à ce qu’il trouve son Bic. Avec un soupir muet de soulagement, il le serra très fort dans le creux de sa main, se releva et se remit à marcher.

Larry commençait à reprendre son sang-froid quand son pied heurta quelque chose, quelque chose de dur. Il eut comme une sorte de hoquet et recula de deux pas, les jambes en coton. Il attendit un peu, sortit le briquet de sa poche, l’alluma. La flamme vacillait follement dans sa main tremblante.

Il venait de marcher sur la main d’un soldat. L’homme était assis, le dos contre la paroi du tunnel les jambes écartées en travers de la passerelle horrible sentinelle restée là pour barrer le passage. Ses yeux vitreux fixaient Larry. Ses lèvres retroussées semblaient grimacer un sourire. Un couteau à cran d’arrêt était planté dans sa gorge.

Le briquet devenait très chaud. Larry l’éteignit. Il se passa la langue sur les lèvres, se cramponna au garde-fou, se força à avancer jusqu’à toucher la main du soldat avec le bout de son soulier. Puis il enjamba le corps en levant comiquement la jambe et une certitude cauchemardesque l’envahit aussitôt. Il allait entendre un raclement de brodequin, puis le soldat allait tendre la main, saisir sa jambe dans sa main froide.

Larry s’élança, fit une dizaine de pas hésitants, puis s’arrêta, sachant que, s’il ne s’arrêtait pas, la panique s’emparerait de lui et le ferait se ruer en avant, poursuivi par un terrible régiment d’échos.

Quand il eut l’impression de s’être un peu calmé, il reprit sa marche. Mais c’était pire maintenant ; ses orteils se recroquevillaient dans ses chaussures, craignant de toucher à tout moment un autre cadavre étalé sur la passerelle… Ce qui arriva, très vite.

Il poussa un gémissement, ralluma son briquet. Cette fois, c’était bien pire. Le corps que son pied avait touché était celui d’un vieillard en costume bleu marine. Une calotte de soie noire était tombée de son crâne chauve sur ses genoux. Une étoile d’argent à six branches agrafée sur le revers de son veston. Derrière lui, une demi-douzaine de cadavres : deux femmes, un homme dans la cinquantaine, une femme qui devait avoir pas loin de quatre-vingts ans, deux adolescents.

Le briquet était brûlant. Il l’éteignit et le glissa dans la poche de son pantalon, tout chaud contre sa cuisse, comme une braise. Ces gens-là n’étaient pas morts de la super-grippe, pas plus que le soldat là-bas. Il avait vu le sang, les vêtements déchiquetés, les carreaux écaillés, les trous laissés par les balles. Ils avaient été abattus. Larry se souvint d’avoir entendu dire que les soldats bloquaient toutes les sorties de Manhattan. Il n’avait pas su s’il fallait y croire à l’époque. Il avait entendu tant de rumeurs depuis une semaine, quand les choses avaient commencé à tourner vraiment mal.

Mais la scène était facile à reconstituer. Ils s’étaient trouvés pris dans le tunnel, mais ils étaient parfaitement capables de marcher. Ils étaient donc descendus de leur voiture et ils avaient continué à pied en direction du New Jersey, sur la passerelle, exactement comme lui. Un barrage devant eux, un nid de mitrailleuses, quelque chose. Et maintenant ? Qu’y avait-il devant ?

Trempé de sueur Larry essayait de réfléchir. L’obscurité totale était un écran parfait pour projeter les images qu’il voyait en imagination : des soldats aux yeux cruels dans leurs combinaisons à l’épreuve des virus, accroupis derrière une mitrailleuse équipée d’une lunette infrarouge ; mission : abattre tous ceux qui tentent de sortir du tunnel, un seul soldat laissé derrière, un volontaire, lunettes infrarouges sur les yeux, un soldat qui rampe vers lui, un couteau entre les dents ; et derrière, deux soldats en train de glisser tranquillement dans leur mortier une seule charge de gaz asphyxiant.

Et pourtant il ne pouvait se résoudre à rebrousser chemin. Il était sûr que ces images n’étaient que des illusions, et l’idée de revenir sur ses pas lui était insupportable. Les soldats étaient sûrement partis. Le cadavre qu’il avait enjambé semblait le prouver.

Mais…

Mais ce qui le troublait vraiment, pensa-t-il, c’était ces cadavres, juste devant lui. Ils étaient entassés les uns sur les autres sur une distance de deux ou trois mètres. Il ne pouvait les enjamber, comme il avait enjambé le soldat. Et s’il décidait de descendre de la passerelle pour les contourner, il risquait de se casser la jambe ou la cheville.

S’il voulait continuer, il allait devoir… Eh bien… Il allait devoir marcher dessus.

Derrière lui, dans l’obscurité, quelque chose avait bougé.

Larry pivota sur ses talons, aussitôt terrifié par ce léger crissement… un bruit de pas.

– Qui est là ? cria-t-il en prenant son fusil à deux mains.

Aucune réponse, sauf l’écho. Quand il s’évanouit, il entendit – ou crut entendre – le bruit paisible d’une respiration. Il était là, les yeux exorbités, les poils de sa nuque hérissés comme des plumes. Il retenait sa respiration. Pas un bruit. Il commençait à croire qu’il avait rêvé lorsque le bruit reprit… Des pas feutrés, tranquilles.

Pris de terreur, il chercha son briquet dans sa poche. L’idée qu’il allait faire une belle cible ne lui traversa pas l’esprit. Il allait sortir son briquet quand la molette accrocha la doublure. Le Bic tomba par terre. Il l’entendit cogner contre le garde-fou, puis rebondir sur une tôle, sans doute un capot.

Les pas feutrés se rapprochaient, plus près, de plus en plus près, impossible de dire à quelle distance. Quelqu’un venait le tuer et son imagination paralysée par la terreur lui fit voir le soldat au couteau planté dans le cou, le soldat qui s’avançait lentement vers lui dans le noir…

Encore ces crissements, plus près.

Larry se souvint du fusil. Il épaula son arme et se mit à tirer. Les explosions résonnèrent avec une force terrifiante dans le tunnel ; il hurla, mais son hurlement se perdit dans le fracas. Comme des flashs dans le noir, le 30-30 crachait ses balles – images fugitives en noir et blanc du tunnel, des files de voitures immobilisées. Les balles sifflaient comme des sirènes en ricochant. La crosse du fusil cognait et recognait contre son épaule, son épaule où il ne sentait plus rien, jusqu’à ce qu’il comprenne que la force du recul l’avait fait pivoter sur ses pieds et qu’il tirait sur la chaussée au lieu de viser la passerelle. Mais il ne pouvait plus s’arrêter. Son doigt n’obéissait plus à son cerveau et continuait à se contracter inutilement comme dans un spasme, jusqu’à ce que le percuteur retombe avec un claquement sec.

Les échos revenaient en rafales. Larry voyait encore devant ses yeux des éclairs de lumière, des images en triple exposition. Il avait vaguement conscience de l’odeur de la poudre, du sifflement qui sortait du fond de ses poumons.

Fusil au poing, il se retourna, et cette fois ce ne furent pas les soldats en combinaisons antivirus qu’il vit sur l’écran de son cinéma intérieur, mais les immondes créatures de La Machine à mesurer le temps de H. G. Wells, bossus aveugles qui sortaient des entrailles de la terre où des machines faisaient inlassablement tourner leurs engrenages.

Il se fraya un chemin à travers cette molle barricade de cadavres, trébuchant, tombant presque, se retenant au garde-fou, poursuivant sa route. Son pied s’enfonça dans une horrible chose gluante. Il remarqua à peine l’odeur putride. Il continuait, haletant.

Puis, derrière lui, un cri s’éleva dans le noir et Larry s’arrêta, pétrifié. Un cri misérable, désespéré, presque fou.

Larry ! Oh, Larry, je t’en supplie…

C’était Rita Blakemoore.

Il se retourna. Il entendait des sanglots maintenant, des sanglots qui remplissaient le tunnel de leurs échos. Un moment, il voulut continuer, la laisser derrière. Elle trouverait bien la sortie toute seule. Pourquoi s’encombrer d’elle ? Mais il se reprit.

– Rita ! Ne bouge pas !

Tu m’entends ?

Les sanglots continuaient.

Il rebroussa chemin en piétinant à nouveau les cadavres, essayant de ne pas respirer, le visage déformé par une grimace de dégoût. Puis il courut vers elle, ne sachant trop si elle était tout près, ou très loin, à cause de l’écho. Finalement, il faillit la faire tomber.

– Larry…

Elle lui serra le cou avec la force d’un étrangleur. Il sentait son cœur battre à un rythme effréné sous son corsage.

– Larry, Larry, ne me laisse pas toute seule, ne me laisse pas dans le noir…

– Non, répondit-il en la serrant très fort. Je t’ai fait mal ? Tu es… Tu es blessée ?

– Non… J’ai senti le vent… Une balle est passée si près que j’ai senti le vent… des éclats sur mon visage… Je saigne…

– Mon Dieu ! Rita, je ne savais pas. Je crevais de peur. Le noir. J’ai perdu mon briquet… Tu aurais dû appeler. J’aurais pu te tuer. J’aurais pu te tuer, répéta-t-il, comprenant tout à coup ce qui s’était passé.

– Je ne savais pas si c’était toi. Quand tu es descendu dans le tunnel, je suis entrée dans un immeuble. Et quand tu es revenu et que tu m’as appelée, j’ai presque… mais je n’ai pas pu… Et puis deux hommes sont arrivés quand la pluie a commencé à tomber… Je pense qu’ils nous cherchaient… Ou qu’ils me cherchaient, moi. Alors je suis restée dans ma cachette. Quand ils sont partis, je me suis dit qu’ils se cachaient peut-être pour m’attendre. Je n’ai pas osé sortir. Ensuite j’ai compris que tu serais de l’autre côté, que je ne te reverrais jamais plus… Alors je… je… Larry, tu ne vas pas me quitter ? Tu ne vas pas t’en aller ?

– Non.

– J’ai eu tort, ce que j’ai dit, j’ai eu tort, tu avais raison, j’aurais dû te parler des sandales, je veux dire des chaussures, je vais manger quand tu me diras… je… je… Oh… Ooooooooooh…

– Chut, fit-il en la tenant dans ses bras. C’est fini. Tout va bien.

Mais il se vit en train de tirer sur elle, fou de peur, pensa qu’une de ses balles aurait pu lui écraser un bras, défoncer son ventre. Tout à coup, il eut très envie d’aller aux toilettes et ses dents se mirent à claquer.

– On repartira quand tu te sentiras mieux, Rita. Nous ne sommes pas pressés.

– Il y avait un homme… Je crois que c’était un homme… J’ai marché dessus, Larry.

Elle avala sa salive et sa gorge fit comme un déclic.

– J’ai failli hurler, mais je me disais que c’était peut-être un de ces deux hommes devant moi, je ne savais pas que c’était toi. Et quand tu m’as appelée… l’écho… je ne savais pas si c’était toi… ou… ou…

– Il y a encore des cadavres devant. Tu crois que ça ira ?

– Si tu es avec moi. S’il te plaît… si tu es avec moi.

– Je vais rester avec toi.

– Alors, on y va. Je veux sortir d’ici, répondit-elle en tremblant comme une feuille. Je veux sortir d’ici de toutes mes forces.

Il chercha son visage et l’embrassa, d’abord le nez, puis un œil, l’autre, la bouche enfin.

– Merci, dit-il humblement, sans savoir le moins du monde ce qu’il voulait dire. Merci. Merci.

– Merci, répéta-t-elle. Larry, mon chéri… Tu ne vas pas me quitter ?

– Non. Je ne vais pas te quitter. Dis-moi quand tu crois être prête, Rita, et on partira ensemble.

Quand elle se sentit prête, ils repartirent.

Cramponnés l’un

à l’autre, comme deux ivrognes sortant d’un bar, ils franchirent le tas de cadavres.

Plus loin, ils tombèrent sur un autre obstacle. Impossible de voir ce que c’était.

Ils tâtonnèrent devant eux et Rita dit que c’était sans doute un lit qu’on avait mis debout. À deux, ils réussirent à le faire basculer par-dessus le garde-fou. Il s’écrasa sur le toit d’une voiture avec un grand bruit de tôle qui résonna dans le tunnel. Ils sursautèrent tous les deux et se serrèrent l’un contre l’autre. Derrière, d’autres cadavres encore, trois, et Larry pensa que c’étaient ceux des soldats qui avaient abattu la famille juive. Ils les enjambèrent et poursuivirent leur route, main dans la main.

Peu après, Rita s’arrêta brutalement.

– Qu’est-ce qui se passe ?

Il y a quelque chose ?

– Non. Je vois, Larry !

C’est la fin du tunnel !

Il cligna les yeux. Oui, une faible lueur qui avait grandi si graduellement qu’il ne s’en était pas rendu compte. Mais maintenant, il pouvait distinguer des reflets sur les carreaux, une silhouette pâle plus près de lui, le visage de Rita. Et sur sa gauche, le fleuve gelé des voitures.

– Allez, viens, dit-il, fou de joie.

Quelques dizaines de mètres plus loin, d’autres cadavres jonchaient la passerelle, tous des soldats. Ils les enjambèrent.

– Pourquoi bloquer les sorties de New York ? À moins que… Larry, peut-être que la maladie n’a touché que New York !

– Je ne crois pas, répondit-il, mais un espoir fou l’effleura cependant.

Ils marchaient plus vite. La sortie du tunnel était droit devant eux. Elle était obstruée par deux énormes camions militaires, nez à nez, qui empêchaient le jour d’entrer. S’ils n’avaient pas été là, Larry et Rita auraient vu de la lumière bien plus tôt. Il y avait encore des cadavres à l’endroit où la passerelle rejoignait la sortie du tunnel.

Ils se faufilèrent entre les camions en montant sur les pare-chocs. Rita ne regarda pas à l’intérieur. Mais Larry vit une mitrailleuse sur son trépied, des caisses de munitions, des boîtes rondes qui ressemblaient à des grenades lacrymogènes et trois cadavres.

Quand ils sortirent, un vent frais et humide leur fouetta le visage et son odeur d’herbe mouillée fit dire à Larry qu’ils avaient eu raison d’entreprendre cette horrible marche. Elle se colla contre lui appuya sa tête contre son épaule.

– Mais je ne recommencerais pas pour un million de dollars, dit-elle.

– Ne dis pas ça. Tu auras besoin de ce fric quand tu reviendras, dans quelques années.

– Tu es sûr que…

– Que l’épidémie n’a touché que New York ? Regarde.

Les postes de péage étaient déserts. Celui du milieu était entouré d’éclats de verre. Derrière, les quatre voies qui s’éloignaient en direction de l’ouest étaient vides à perte de vue, mais celles qui venaient de l’ouest, celles qui conduisaient au tunnel, à la ville qu’ils venaient de quitter, étaient complètement embouteillées. Et sur l’accotement s’empilaient en désordre des cadavres, veillés par une bande de mouettes.

– Mon Dieu, dit-elle tout bas.

Autant de gens cherchaient à sortir de New York qu’à y entrer. Je ne comprends pas pourquoi ils ont pris la peine de fermer le tunnel du côté du New Jersey. Sans doute qu’ils n’en savaient rien eux non plus. Quelqu’un qui voulait faire du zèle…

Mais Rita était assise sur la route. Elle pleurait.

– Ne pleure pas, dit-il en s’agenouillant à côté d’elle.

Le souvenir du tunnel était encore trop frais dans sa mémoire pour qu’il puisse se fâcher.

– Tout va bien, Rita.

– Qu’est-ce qui va bien ?

sanglota-t-elle. Quoi ? Tu peux me le dire ?

– Nous sommes sortis. C’est déjà quelque chose. Et l’air sent bon. L’air du New Jersey n’a jamais senti aussi bon.

Elle lui fit un petit sourire. Larry examina son visage, écorché par les éclats des carreaux.

– Il faudrait trouver une pharmacie pour mettre de l’eau oxygénée sur tes coupures. Tu te sens capable de marcher ?

– Oui, répondit-elle en le regardant avec des yeux éperdus de reconnaissance qui le firent se sentir mal à l’aise. Et je vais me trouver des chaussures. Des tennis. Je ferai tout ce que tu me diras, Larry.

– J’ai perdu les pédales quand je t’ai engueulée. Tu sais, je ne suis pas un mauvais type, dit-il d’une voix douce.

Il écarta les cheveux qui tombaient sur son front et l’embrassa au-dessus du sourcil droit où une petite coupure saignait un peu.

– Ne me laisse pas toute seule.

Il l’aida à se remettre debout et la prit par la taille. Puis ils s’avancèrent lentement vers les postes de péage, les dépassèrent. New York était derrière eux, de l’autre côté du fleuve.

 

le fléau
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